LE BAROQUE PYRÉNÉEN
En France, si la doctrine privilégie l’art classique, il y a cependant des domaines où il pénètre mal. Les abstractions de la doctrine d’Etat ne conviennent pas aux représentations sensibles dont le petit peuple a besoin pour alimenter sa foi religieuse. L’immense majorité de la population d’origine paysanne n’a d’autre évasion de sa rude existence que les ors et les splendeurs de ses églises qui sont l’image du Paradis. En outre, étant analphabète et encline à la superstition, il convient, selon les principes édictés lors du Concile de Trente, de canaliser et d’éclairer sa spiritualité. C’est dans ce but que l’on construit des lieux de culte ou que l’on remanie le mobilier de ceux qui sont déjà en place en introduisant des retables qui sont de véritables catéchismes à l’usage des plus humbles. Les estampes font connaître, sous le burin de Lepautre ou d’autres graveurs, les autels à la romaine et les baldaquins dont s’inspirent les ateliers locaux. Cette production baroque qui met en place colonnes salomoniques, statues, guirlandes pots à feu, corbeilles aux couleurs vives échappe au contrôle de l’Académie. L’activité a été très importante, un peu partout, du pays d’Auge à la Provence, du Périgord aux régions de la Loire où certaines écoles ont eu un rayonnement très étendu. A l’extrémité de la Bretagne comme au Pays basque, les sculpteurs qui travaillent à la décoration des navires dans un style somptueux et baroque sont souvent les mêmes que ceux qui œuvrent dans les églises (Réf : Victor-L.Tapié).
La situation du Roussillon est encore différente. C’est l’historien de l’art Emile Cortade qui en a tracé les grandes étapes. La production baroque débute vers 1640 alors que le Roussillon est encore espagnol et en guerre. En 1659, le traité des Pyrénées qui rétablit la paix ne coupe pas les liens culturels entre les catalans du Nord et du Sud. De fait, tous les sculpteurs du très riche Roussillon baroque sont issus du versant espagnol : la dynastie des Sunyer, les Trémulas ou encore les Générès ; seul le carcassonnais Mélair vient de France.
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